dimanche 8 février 2015

Les narbonnais du TQS sur les chemins de la Retirada.



Le 21 février prochain, la troupe de comédiens narbonnais se produira à Argelès-sur-Mer. Leur pièce « elles s’appelaient Maria » est directement en rapport avec l’histoire de la ville des Pyrénées Orientales.
 26 janvier 1939, Barcelone tombe aux mains des rebelles nationalistes. La fin de la guerre d’Espagne est proche, Franco et ses putschistes  vont l’emporter. 
La population catalane et les militaires républicains fuient la répression et les bombardements, ils cherchent l’asile de l’autre côté des Pyrénées. C’est la Retirada, en francais : la retraite. Ce mot qui décrit un simple mouvement de recul, n’est pas assez fort pour représenter l’ampleur de la douleur vécue par les exilés.

 "Un enfer sur le sable"


Partis dans la précipitation, les ennemis du régime qui s’installe sont démunis, ils quittent l’Espagne en laissant tout derrière eux. Pour ne rien arranger, l’hiver est rude en cette année 1939, ce qui rend le passage des cols difficile pour des hommes, des femmes et des enfants déjà très affaiblis  par 3 ans de guerre civile. Le gouvernement français, qui n’a pas pris la mesure de la situation ouvre ses frontières, d’abord uniquement aux civils, puis également aux militaires. 450 000 réfugiés arrivent en France, ils sont accueillis froidement. Un décret-loi autorise l’internement des « étrangers indésirables ».  A
les réfugiés emmenés vers un camp. Photo: Robert Capa
Argelès sur Mer, au Barcarés, à Saint Cyprien, on ouvre en hâte des  «camps de concentration », selon le terme utilisé à l’époque. A Argelès, le premier camp ouvert, les demandeurs d’asile sont entassés sur la plage, cernés de barbelés et surveillés par les troupes coloniales françaises. Plus de 200 000 républicains y séjourneront dans des conditions extrêmes. En mars 1939, Robert CAPA décrit ce camp comme « un enfer sur le sable : les hommes y vivent sous des tentes de fortune et des cabanes de paille n’offrant qu’une misérable protection contre le sable et le vent. Pour couronner le tout, il n’y a pas d’eau potable, seulement de l’eau saumâtre extraite de trous creusés dans le sable ».

75 ans plus tard, en avril 2014 les narbonnais du « Théâtre des 4 Saisons » jouent pour la première fois « Elles s’appelaient Maria ». Adapté du récit de Maria Garcia Maynadier, et mise en scène par Thierry Visentin, la pièce raconte l’histoire d’une mère (Christine BERNABE) et de ses deux filles, Maria (Christelle MARAIS) et Felisa (Audrey OGIER). Les femmes sont restées en Espagne, alors que les compagnons des deux sœurs, partisans de la liberté, ont fui la répression du Caudillo. Manolo et Diego sont eux aussi passé par les camps de concentration. A Narbonne, la pièce est accueillie chaleureusement.

Liberté, Libertad, FFREEE 

 

 Samedi 21 Février prochain, la troupe narbonnaise jouera une nouvelle fois leur création, à Argelès-sur-mer, cette fois-ci. Depuis maintenant une quinzaine d’années, la FFREEE, (Fils et filles de républicains espagnols et enfants de l’exil) commémore ce dramatique évènement historique. Pendant 4 jours, cette association d’enfants et de petits-enfants de réfugiés organise « los caminos de la retirada ». Pièces de théâtre, concerts, marches commémoratives, rencontres, conférences, expositions, du jeudi au dimanche, l’association met tout en œuvre pour entretenir le souvenir et perpétuer l’esprit républicain et les valeurs démocratiques défendus par leurs aïeuls. 

Avec « Elles s’appelaient Maria », Thierry Visentin et Maria Garcia Maynadier racontent 15 ans d’histoire espagnole. Sus scène, uniquement des femmes,  trois comédiennes éblouissantes et deux danseuses graves et gracieuses. Mais si les hommes n’apparaissent pas, ils sont omniprésents, à travers leurs lettres qui racontent leurs conditions d’exilés. A Narbonne, Felisa avait ému aux larmes les spectateurs présents en chantant sa soif de« libertad ». A Argelès-sur-mer, son chant devrait toucher encore plus profondément les cœurs des descendants de la répression.

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